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Vercorin, au sud de Sierre, situé dans un cadre de forêts de pins et de mélèzes, à 1330 mètres au-dessus de la mer, est un charmant petit village où la bonne foi et la légende se donnent encore la main.

A l’ombre d’un tilleul que trois siècles de vie ont rendu immense et superbe, un homme de taille moyenne, le père Basile, grand front, nez aquilin, teint brun, regard vif, barbe grisâtre, une longue pipe à la bouche, me racontait dernièrement quelques épisodes mémorables.

Il s’agissait des faits et gestes des esprits follets. Les esprits follets sont les anciens révolutionnaires du ciel, aujourd’hui condamnés à errer dans les pays de montagne, notamment à Vercorin et ses environs.

Leur activité se déploie après l’Angelus du soir, et cesse quelques secondes avant l’Angelus du matin. L’esprit follet est chicaneur au possible, nul ne l’effraie, pas même le chasseur.

C’est après l’Angelus du soir. Un brave paysan, le fusil sous les bras, se rend de Vercorin au lieu dit « la Hombe ». Pour bien terminer sa journée de labeur, il veut étendre un lièvre. Le voilà sur la verte prairie, attentif ; soudain l’animal désiré surgit à l’horizon. Le chasseur vise, mais ô stupeur ! Le lièvre apparaît « comme une bête entourée d’esprit de vin enflammé ». Une frayeur horrible s’empare de notre chasseur, et vite il rentre au logis. L’esprit follet venait d’en faire une des siennes.

***

Le père Basile me regarde de ses petits yeux perçants et remarque que je crois à l’esprit follet. Après avoir lancé quelques bouffées de sa pipe, pour nou éviter une rencontre avec les esprits, car la mot approche, le père Basile continue :

Lorsque deux chasseurs s’avisent de tirer après l’Angelus du soir, malheur à eux, si un esprit follet les aperçoit.

Un soir, après l’Angelus, lorsque le soleil couchant empourprait les cimes altières, deux chasseurs, munis de leurs fusils, partent de Vercorin, du côté de Grimentz. Le sort leur est favorable, chacun étend un lièvre. La nuit les surprend ; une grange est sur la route. Les chasseurs y entrent, clouent leurs lièvres contre la paroi, s’étendant sur le foin et dorment.

Un grand bruit les réveille en sursaut, c’est un tapage infernal, sonnerie de cloches, frôlement de faux, tambours, flûtes, cris de gens en furie. Ils veulent tirer, mais leurs fusils ne donnent pas, et par surcroît de malheur, la grange s’écroule et les écrase.

Nos malheureux chasseurs se réveillent, après l’Angelus du matin, à la même place, où ils s’étaient endormis.

C’était « la synagogue », une réunion d’esprits follets, qui avait vengé les lièvres tirés après l’Angelus du soir.

« Un chasseur peut s’éviter tous ces ennuis, me dit le père Basile, pourvu qu’il respecte l’Angelus. »

Je me permets d’en conclure que « les esprits follets », sont des êtres bienfaisants ; loin d’être des ennemis de tous les chasseurs, leur méchanceté ne s’en prend qu’au disciple saint Hubert, peu soucieux de la trêve imposée, après l’Angelus du soir.

    Marc,
    « Gazette du Valais »